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Zhang Xiaogang


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“Portraits de l’âme chinoise moderne”

Zhang Xiaogang, né en 1958, en Chine est un peintre symboliste et surréaliste. Il est très célèbre pour sa série “Bloodline” commencée en 1993. Ses tableaux autour du concept multiforme de “famille” s’inspirent des photos de famille de la période de la Révolution Culturelle. Depuis les années 2000, Zhang Xiaogang essaie de se réinventer avec de nouvelles créations bien différentes. Il a déclaré : La série Bloodline est comme un sort magique qui aveugle les gens. Rien d’autre que j’ai fait n’a reçu le même niveau d’attention”.

SA SERIE “BLOODLINE : The big family”

“La série Bloodline représente l’une des périodes les plus importantes et un tournant dans ma carrière artistique”

L’idée de famille a changé avec la création de la République populaire de Chine. Une nouvelle pratique du collectivisme a été fondée et de nombreuses personnes ont lutté dans un monde qui donnait la priorité au pays et considérait l’État comme une nouvelle sorte de famille. Avec cette série de tableaux Zhang Xiaogang représente sans fin une famille “standardisée” en proie à une quête de la place de l’individu au sein d’une société chinoise déshumanisée.

En voyage en Allemagne au début des années 90, Zhang Xiaogang dit avoir été influencé par le travail de l’artiste Gerhard Richter. En interview, l’artiste déclarait “Richter a regardé les photos et a vu leur histoire et leur signification, ce qui m’a beaucoup inspiré. J’ai commencé à prêter attention à l’histoire, à la culture et à l’esthétique derrière les images et j’ai distillé ces choses dans mon propre langage artistique”

“Genesis Number One” – “La naissance de la République” – 1991

Pour Zhang Xiaogang, tout a commencé en 1991 avec la création de ce tableau. Il utilisait pour la première fois la photographie dans son processus de peinture : “c’est l’étincelle qui m’a donné un indice et une raison d’utiliser des photos dans ma future pratique”. En triant de vieilles photos, l’artiste est tombé par hasard sur une vieille photo de membres du Parti communiste pendant la République de Chine et a décidé d’en faire l’arrière plan “historique et culturel” de son tableau.

Il commence véritablement à se consacrer à sa série bien connue à partir de 1993. Avec “Trois camarades”, l’artiste ne peint pas une famille chinoise standard mais des “camarades” appartenant à la grande “famille révolutionnaire” au service du grand Timonier Mao, où tous les individus étaient frères et soeurs, indépendamment des liens familiaux.

Avec “Big family 9” Zhang Xiaogang s’est inspiré d’une photo de famille montrant ses parents et son frère aîné. Sur de nombreuses toiles l’enfant est représenté en rouge pour symboliser “Rouges de deuxième génération”, le produit de la Chine nouvelle. Il faut voir aussi dans ces représentations que chaque famille détient des souvenirs personnels mais aussi que chaque famille détient les souvenirs de tout un peuple.

Zhang Xiaogang utilise dans ses compositions des conventions traditionnelles chinoises : il utilise une lumière dramatique et des fonds neutres pour idéaliser ses sujets. Mais ses personnages sont peints avec une finition nacrée rappelant la porcelaine, ce qui procure un sentiment de nostalgie. Il se dégage de ces représentations une lumière douce que l’on peut observer dans les vieilles photos, ce qui donne un sens à l’histoire qui veut être racontée et laisse transparaître une indéniable poésie.

En 2012-13 Zhang Xiaogang aborde dans une nouvelle série de toiles les relations complexes qu’il entretient avec sa famille. Les personnages représentés (père, mère, enfant) semblent ensemble mais désespérément seuls. Par la suite l’artiste va créer une série de portraits “individuels” comportant des marques translucides étranges, comme des taches de naissance.

SES SCULPTURES

Zhang Xiaogang a récemment commencé, en 2007, à recréer ses anciens personnages de la série “Bloodline” mais en trois dimensions. Malgré le succès et les effets de “Bloodline” , les œuvres les plus récentes de Zhang trouvent un écho modéré auprès de son public. Les sculptures, en bronze, expriment le besoin de raconter des histoires entre les membres de la famille et évoquent des sentiments de relations humaines fondamentales.

SES NOUVELLES CREATIONS

Dans ces œuvres récentes, une nouvelle dynamique de composition a émergé à travers les figures. Dans la précédente série de portraits figuratifs de l’artiste, les sujets sont présentés en groupes. Dans ces nouveaux portraits, une puissante apesanteur ou instabilité se dégage. Les personnages dérivent sur la toile, projetant un sentiment d’isolement et d’aliénation par rapport à leur environnement. L’artiste a introduit des compositions de collage dans sa pratique, déchirant et superposant le papier en œuvres texturées qui mettent l’accent sur la nature fragmentaire de la mémoire. La technique du collage se confond avec l’acte de peindre, les deux présentant des exécutions correspondantes de la création à la fois physique et cérébrale. La composition tant technique que figurative des œuvres reflète la vaste interrogation de l’artiste sur la nature de la peinture en tant que manifestation physique de l’inconscient et en tant qu’interprétation de la mémoire individuelle et collective.

SA NOUVELLE IDENTITE PICTURALE

En 2012, Zhang Xiaogang commence une nouvelle série de toiles très surprenantes : sans aucun personnages alors que tout son art reposait avant sur ce principe. L’artiste nous présente des espaces vides et nous invite dans son espace privé. Pour autant nous ne ressentons pas un apaisement dans ce travail, les toiles sont manifestement hantées par le vide et les ombres du passé même si les branches de fleurs de pruniers, souvent présentes dans ces toiles, symbolisent une promesse d’espoir et du printemps à venir. L’absence de figure humaine rend la symbolique des objets présents encore plus significative et intense. Il conserve néanmoins les éléments essentiels utilisés précédemment : les tâches de lumière, les lignes géométriques, le style révolutionnaire culturel standard (avec les vêtements). Il trouve ici un nouveau langage pour réincarner tous les éléments de son oeuvre dans des compositions sur toiles qui pourraient être des installations.

Amnesia and memory

SA REPONSE A LA PANDEMIE

Zhang Xiaogang a créé cet autoportrait en avril 2020, alors qu’il était confiné avec son épouse et que la Chine luttait contre le virus. Selon moi, la cloche fournit une métaphore de l’isolement psychique et de la dépression. Le chien masqué, en équilibre précaire sur un piédestal transmet ce que Zhang Xiaogang a décrit comme “le sentiment d’impuissance”

Avec “Castle”, créé aussi en 2020, l’artiste nous plonge dans un rêve onirique. Au centre Zhang Xiaogang juxtapose deux bâtiments jaunes d’époques différentes (typiques des années 50 et 90 en Chine) et accentue ainsi l’absurdité de l’édifice. Les scènes et objets au premier plan sont tout aussi absurdes et évoquent “un état de rêve lié à l’étrangeté de vivre avec la distanciation sociale que nous adoptons tous pendant cette pandémie”. Les objets symboliques représentés expriment selon l’artiste : “certains de mes sentiments intérieurs pendant cette période de pandémie mondiale, une expérience divisée, contradictoire, absurde et même terrifiante qui me frappe constamment dans la réalité”.

L’artiste renoue avec le jeu entre le réel et l’imaginaire dans l’espace symbolique de la mémoire, qu’il avait expérimenté avec ses dessins de fantômes “Ghost”, en 1984 au début de sa carrière. A cette époque, en proie à l’alcoolisme et à la dépression, il avait été interné et avait dessiné cette série de seize dessins, sorte de draps froissés fantomatiques. En 2007 il déclarait à ses étudiants : “ils sont tous sur la mort (dessins), la maladie et le désespoir, la signification de l’existence”.

Je me réjouis que Zhang Xiaogang se soit “libéré” de ses portraits qui lui ont valu tant de succès et de fortune. Aujourd’hui, en renouant avec ses vieux démons il semble contradictoirement “apaisé” dans ses interviews d’avoir trouvé comment concilier dans son oeuvre l’histoire complexe de son pays, avec un degré magistral de symbolisme, et sa réflexion sur le sens de l’identité dans un sens plus large et non plus réduit à la famille.

Yan Pei Ming


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Yan Pei Ming, né en 1960 à Shanghai, a grandi pendant la grande révolution culturelle maoïste prolétarienne et a travaillé comme peintre de propagande sous le régime maoïste. Plus tard, il fait partie du premier groupe d’artistes à fuir la Chine en 1980. Avec de grandes attentes, il arrive en France pour étudier les Beaux-Arts et obtient un diplôme de l’Ecole des Beaux Arts de Dijon. Ce changement géographique, culturel et artistique a eu un impact considérable sur son travail. L’artiste est connu pour utiliser un pinceau long de la taille d’un balai pour créer ses oeuvres monumentales, combinant le noir et blanc et le rouge plus rarement, rappelant les couleurs traditionnelles de l’art chinois.

SA DECONSTRUCTION DE LA PROPAGANDE

Ancien peintre officiel du régime, Yan Pei Ming, dès 1987, met en perspective ses années passées en Chine et son profond dégoût pour son dirigeant Mao. 

Il s’inscrit dans une tradition « européenne » du portrait tout en y révélant les codes de l’art de la propagande chinoise : des dimensions monumentales, des couleurs fortes (noir, gris, blanc et rouge). Il rompt véritablement avec sa pratique de portraitiste officiel par « le geste » : ses œuvres sont peintes dans la fulgurance d’une gestualité très physique et tendent vers l’abstraction. Ce qui est passionnant dans son travail, c’est sa mise en perspective de la représentation du père avec celle du Grand Timonier. Il crée ici une grande ambivalence de sens entre la figure emblématique du père politique, idole de l’inconscient collectif du peuple chinois, et celle de son père génétique qu’il qualifie « d’étranger ». Il semble opérer une assimilation entre les deux en représentant son père selon un modèle unique : l’homme le plus puissant, l’homme le plus têtu, l’homme le plus sage…

SA VISION DU POUVOIR

Depuis 2017, Yan Pei Ming travaille sur une série intitulée “Jeux de pouvoir”, que l’artiste complète chaque année. Selon lui : “C’est un exercice provisoire. Cette série est la constatation d’une époque donnée, dont je représente les figures qui détiennent un pouvoir, détention forcément éphémère. Un jour, “Jeux de pouvoir” comprendra peut-être 300 portraits… qu’on ne reconnaîtra pas forcément. Combien de personnes illustres sont-elles tombées dans l’oubli ? Qui se souvient encore du président qui a précédé Charles de Gaulle ? C’est pareil pour les artistes. Victor Hugo reste, mais combien d’écrivains oubliés pour un Hugo à l’oeuvre incontournable?”

SA QUETE HUMANISTE

« Plus j’avance, plus je me sens libre, plus j’ai envie d’exprimer un sentiment général d’humanité ».

L’exposition « l’homme qui pleure », au Musée des Beaux-Arts de Dijon, en octobre 2019, explore les émotions et la révolte ressenties par l’artiste face à la brutalité du monde et sa douleur face aux drames intimes et familiaux. L’artiste à genoux accueille le visiteur (2012), tête baissée, semblant demander pardon au monde qui s’écroule ainsi qu’à ses proches. Avec ses portraits de femmes voilées, sous les yeux ouverts de l’Oncle aveugle mort (2019), il interroge le monde sur l’enfermement sociétal et physique. Son obsession de la mort se révèle ensuite avec ses autoportraits en quatre saisons (2006) représentant la jeunesse, l’âge adulte, le gisant mort et la vanité (le crâne). Et la présentation des « pleurant », suite d’aquarelles d’après les 82 pleurants des cénotaphes des ducs de Bourgogne. Enfin, l’exposition rend hommage à sa défunte mère (2018) et à ses deux amis Xavier Douroux et Fabian Stech, récemment disparus.

SON ATTACHEMENT A LA CULTURE FRANCAISE

Lors de son séjour à la Villa Médicis, de 1993 à 1994, Yan Pei Ming représente « Les cent huit brigands ». il s’inspire d’un roman épique chinois très populaire « Au bord de l’eau », qui retrace la révolte de 108 brigands contre la corruption du pouvoir. « C’est un peu l’équivalent des ” Trois Mousquetaires » d’Alexandre Dumas en France. Je le connais par cœur. C’est une histoire passionnante, universelle : les personnages sont des archétypes qui reflètent l’étendue de la complexité de l’âme humaine. Mes 108 brigands se basent sur des personnes que j’ai croisées ».

SA RENCONTRE AVEC GUSTAVE COURBET

Yan Pei Ming découvre Courbet lors de ses études à Shanghai
« Tout le monde connaissait Gustave Courbet en Chine. Il était avant tout montré dans les revues artistiques comme un artiste révolutionnaire. Son image était très liée à celle de la Commune de Paris, mais je l’ai découvert véritablement en arrivant en France. J’ai été très impressionné par ses grands formats, commeL’Atelier du peintre et Un enterrement à Ornans, qui étaient alors exposés au musée du Louvre ; j’avais l’impression qu’on pouvait rentrer physiquement dans la peinture. C’est encore plus frappant dansL’Hallali du cerf, où les chiens apparaissent presque à taille réelle et se révèlent d’une vivacité incroyable ! Courbet donne à voir toutes les possibilités picturales qu’offre la peinture. »

A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Gustave Courbet, en 2019, le Petit Palais à Paris, après l’exposition du Musée Courbet à Ornans, a présenté un face à face entre Yan Pei Ming et le maître qui montre combien il reste une référence pour les artistes d’aujourd’hui. L’exposition Yan Pei-Ming face à Courbet s’attache à traduire les multiples connivences artistiques entre ces deux peintres à quelque six générations d’écart. Point commun biographique tout d’abord : sans argent, moyen ni soutient critique, ils partent à la conquête de Paris. Un courage qui paye et qui les placera tous les deux comme des artistes reconnus. Point commun dans le choix des sujets « classiques » : des portraits, des nus, des paysages et des animaux. Chaque sujet mettant en lumière une démarche commune où l’histoire personnelle de chacun est largement évoquée. Point commun technique :  l’épaisseur de la matière de Gustave Courbet trouve un écho dans la brutalité gestuelle de Yan Pei Ming, favorisant le ressenti émotionnel. En réinterprétant les œuvres du grand maître, Yan Pei Ming amorce un questionnement vis-à-vis de la peinture classique tout en lui rendant hommage.

SA VISION DE LA PANDEMIE

L’artiste a dévoilé, en 2020, au Musée Unterlinden de Colmar, en France, un tableau sur le thème du coronavirus. Cette oeuvre s’inspire directement du retable d’issenheim, exécuté au début du XVIème siècle alors qu’une autre pandémie faisait rage, l’égotisme, ou “feu de Saint-Antoine”. Yan Pei Ming y est représenté en fossoyeur avec une tenue de protection et un masque chirurgical. Une oeuvre exécutée pour garder la mémoire de l’épidémie, selon le peintre : “dans 20, 30 ou 50 ans, le public aura peut-être oublié ce qui s’est passé. Cette toile est comme un arrêt sur image pour l’éternité”. Quand on demande à Yan Pei Ming s’il reste de la place pour l’espoir, il répond “La nuit n’est pas permanente. Le soleil vient toujours un jour ou l’autre. On reverra le jour”. Son oeuvre “Pandémie” ne sera pas vendue. C’est une question de décence pour lui qui ne s’imagine pas “se faire de l’argent sur le dos de ceux qui sont morts”.

“Je m’intéresse à ce caractère invisible, absent de l’homme dans son comportement, au fil des contextes, des circonstances et des événements, à l’humanité qui lui échappe : l’homme invisible dans son humanité. Je me suis intéressé à l’homme en général. Mon travail peut être considéré comme une sorte de portrait universel. Ce que je peins, c’est en fait l’humanité. Cependant, plus je crée des têtes , moins je comprends ces gens…”