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SIMONE VEIL, le street art lui rend hommage…


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Loin d’être, à priori, une femme importante de notre siècle pour ma mère qui ne m’en avait jamais parlé, Simone Veil a pourtant marqué ma vie sans que je le sache. Je n’ai alors que 7 ans, en 1974, quand la « loi Veil » promulgue la libéralisation de la pilule et un an plus tard la loi de dépénalisation de l’IVG. Je n’ai pas connu les difficultés de ma mère qui n’avait pas accès à la pilule et a dû composer sa vie avec… avec toutes les difficultés que cela a pu engendrer pour sa vie de femme et sa vie professionnelle. Jeune femme, j’ai eu  librement accès à la contraception et ai pu décider de la venue de mes enfants et maîtriser ainsi mes aspirations personnelles et professionnelles. Aussi, aujourd’hui, Simone Veil me manque. On le voit aujourd’hui par le prisme de l’art de rue qu’elle est devenue un mythe, un symbole de nous toutes. Comme l’a dit Jean d’Ormesson lors de son entrée à l’Académie Française : « Simone Veil, on vous aime ». Un cri du cœur des français qui avaient bien compris qu’elle incarnait une histoire française, européenne, avec le meilleur et le pire du XXème siècle, celui des génocides mais aussi des conquêtes sociales, politiques, démocratiques, en particulier pour les femmes.

Rescapée de la Shoah, dont elle incarnait la mémoire, Simone Veil fut l’une des plus grandes figures de la Vème République, un jalon indéniable de l’Histoire française, européenne et mondiale des femmes. Un parcours qui s’achève au Panthéon le 1er juillet 2018, le jour ou cette « grande femme » entre dans le temple des « grands hommes ». Alors son image gagne la rue avec les artistes de street art, qui sont le « poumon » de notre société. Ils lui rendent hommage et rappellent sa mémoire dans nos villes. Ainsi, de nombreuses petites filles, à la vue de ses représentations, pourront demander à leur maman, qui est-elle ? J’espère que cela engagera des discussions entre mères filles.

C215

L’artiste Christian Guémy, alias C215, réalise ces portraits en 2018, lors de l’entrée au Panthéon de Simone Veil, sur des boîtes aux lettres de Paris et ensuite à Nice, où elle est née en 1927. Un an plus tard, ces dessins seront défigurés d’une croix gammée, un nouvel acte antisémite dans la capitale, après l’inscription “Juden” sur une vitrine d’un Bagelstein de l’île Saint Louis. Simone Veil avait écrit : “Je suis juive… de cet héritage, il ne m’est pas possible de dissocier le souvenir sans cesse présent, obsédant même, des six millions de juifs exterminés pour la seule raison qu’ils étaient juifs. Six millions dont furent mes parents, mon frère et nombre de mes proches. Je ne peux me séparer d’eux. Cela suffit pour que jusqu’à ma mort, ma judéité soit imprescriptible. Le kaddish sera dit sur ma tombe”.

LA MARIANNE DE JO DI BONA

L’oeuvre de Jo Di Bona fait écho à une polémique qui a débuté en 2019, lorsque C215, pochoiriste reconnu, pour célébrer l’entrée au Panthéon de Simone Veil, a peint deux portraits qui ont été tagués de croix gammées. Une grande émotion dans l’opinion publique s’ensuivit, et C215, alias Christian Guémy qualifia l’acte de vandalisme “d’abject” et de “lâche”. La Sénatrice Fabienne Keller a fait, en 2019, une proposition symbolique sur Facebook : choisir le visage de Simone Veil comme nouvelle Marianne. L’idée a immédiatement été relayée par de nombreux responsables et une demande officielle a été adressée au Président de la République, qui est le seul décisionnaire.

MERCI SIMONE

En 2018, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, un collectif de street art féministe se lance dans une campagne d’affichage national en hommage à cette grande figure du féminisme français. Leur message est simple : “Merci Simone”.

On aime son féminisme pragmatique et non pas de combat contre les hommes mais un féminisme de progrès pour toute l’humanité. Elle s’est battue pour que les femmes puissent disposer librement de leur corps, qu’elles ne meurent pas de vouloir assumer ou pas un enfant, qu’elles choisissent leur “moment” de devenir mère et qu’elles exercent leur liberté. « Je le dis avec toute ma conviction : l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. Mais comment le tolérer sans qu’il perde ce caractère d’exception, sans que la société paraisse l’encourager ? Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme – Je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. »

SARAH SIMON

En 2018, à la demande de la ville de Marly-le-Roi, Sarah Simon, artiste plasticienne originaire de la ville, peint une fresque rendant hommage à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme qui fête ses 70 ans. Elle y représente des personnalités emblématiques telles que Nelson Mandela, René Cassin, Eleanor Roosevelt, le Mahatma Gandhi et bien sûr Simone Veil.

Simone Veil fait incontestablement partie du coeur et de la conscience collective de notre nation. Elle incarne à elle seule les valeurs de la démocratie et de la justice sociale. Sa lutte contre l’antisémitisme, pour les droits de l’homme et pour l’égalité hommes femmes, son entrée au Panthéon, sa représentation dans nos rues, augurent une inspiration pour les prochaines générations.

ERNEST PIGNON-ERNEST EN 10 OEUVRES


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SERIE STREET ART

Street artist malgré lui, Ernest Pignon-Ernest déteste le terme Street Art, pourtant il collait ses images dans les rues dès les années 70, bien avant Banksy ! Le pionnier du Street Art sera donc le premier de notre série.

Né le 8 novembre 1942 à Nice, il vit et travaille aujourd’hui à Paris. Ernest Pignon-Ernest est un artiste engagé et militant. Son objectif est de réveiller les consciences collectives, dans des lieux choisis, sur des évènements politiques liés à ces lieux et à leur histoire.

«Je travaille sur les villes, ce sont mon vrai matériau, je m’en saisi pour leurs formes, leurs couleurs, mais aussi pour ce qu’on ne voit pas ; leur passé ou leurs souvenirs qui les hante »                  Ernest Pignon Ernest

Avec Yvette, sa femme, il s’installe dans le Vaucluse pour se consacrer entièrement à la peinture. Il apprend l’installation de la base militaire du Plateau d’Albion. Le thème s’impose immédiatement à lui. Pour mieux appréhender ce que représentait cette menace nucléaire enfouie dans le sous-sol provençal, il se met en quête de documentation sur Hiroshima. Il découvre une photo sur laquelle on voit un éclair nucléaire qui a brulé un mur, décomposant un passant dont il ne reste que la silhouette, comme pyrogravée sur la paroi. Cette première œuvre est à l’origine de toute sa démarche. A partir de ce moment il n’aura de cesse de porter une emprunte, une image emblématique du moment de l’Histoire où l’intervention humaine pouvait détruire des hommes mais aussi menacer l’humanité entière.

A l’origine on propose à Ernest Pignon Ernest une exposition sur le thème de la Semaine sanglante de la Commune. En préparant ce projet il découvre l’ampleur des espoirs et des utopies qu’avait levés cette première révolution populaire qui devait se terminer par un effroyable carnage. Il imprime 1000 sérigraphies de gisant qu’il colle sur les marches du Sacré Coeur pour commémorer le sanglant historique de la Commune de Paris en 1871. “Il fallait témoigner au ras du sol, réinvestir les lieux chargés d’histoire, dire la permanence des répressions de tous ordres”.

L’artiste s’oppose au jumelage de sa ville avec la ville du Cap en Afrique du Sud, alors capitale du racisme institutionnalisé. Sur le parcours des « festivités » qui célébraient ce rapprochement, l’artiste a collé des centaines d’images d’une famille noire parquée derrière les barbelés, « le cortège des absents ».

En 1975, l’artiste s’engage au côté du MLF pour dénoncer la campagne réactionnaire contre l’avortement dont le projet de loi était alors débattu à l’Assemblée Nationale par Simone Veil. A l’époque une campagne d’affichage particulièrement réactionnaire, illustrée par un fœtus, proclamait « l’avortement tue ». Ernest Pignon-Ernest a imaginé de retourner le slogan « oui l’avortement tue, mais d’abord des femmes ».

Cette œuvre fait particulièrement échos aux évènements contemporains avec l’expulsions de migrants. A l’origine de cette œuvre il y a deux choses. L’expulsion des parents d’Ernest Pignon-Ernest de leur logement à Nice, où il avait passé son enfance. D’autre part, durant cette période de 1975 à 1980, les nombreuses rénovations dans Paris. L’artiste est bouleversé par ces immeubles éventrés, cette mise à nu, cette projection aux yeux de tous de toutes les traces de l’intimité de la vie des gens. “Cette exhibition me semblait d’une grande violence, comparable à un viol”.

Les affiches sont placardées dans les lieux où Rimbaud avait circulé à Paris, elles semblent faire partie du mur. Elles ont été à l’époque très relayées par la presse. Cette image du poète a une longue histoire pour Ernest Pignon-Ernest. Depuis son adolescence il a cycliquement tenté de faire un portrait de Rimbaud sans y parvenir. L’image est imprimée en sérigraphie, en noir, simplement sur un papier très ordinaire, du papier journal récupéré des chutes de rouleaux des rotatives. On perçoit immédiatement ainsi le caractère éphémère et fragile du dessin.

A Martigues, au milieu de complexes sidérurgiques et pétroliers, surgit l’image de Prométhée, voleur de feu. L’artiste, qui s’est inspiré d’une photo étonnante de l’atomiste Oppenheimer sautant, fait le parallèle avec le feu et le nucléaire. L’image peut aussi bien se lire comme une chute que comme un envol.

Cette série de 80 sérigraphies a été réalisée à Naples par Ernest Pignon-Ernest entre 1988 et 1995. La plupart de ses œuvres s’inspirent de Caravage, sur le thème de la mort. Pour l’artiste, trois paramètres vont déterminer l’accrochage de ses œuvres. La lumière doit être compatible avec celle de son dessin d’origine. Pour “épidémie” les deux personnages s’engouffrent dans un passage sombre, le noir semble les aspirer dans le mur. Le sol : Ernest Pignon-Ernest choisi uniquement des murs devant lesquels le sol est recouvert de grandes dalles noires. Ces dalles font partie de l’histoire de Naples, elles sont réalisées avec de la lave du Vésuve, volcan tout proche dont la menace pèse sur la ville depuis des siècles. Pour que l’oeuvre s’intègre dans la ville, l’artiste utilise des détails de l’architecture.

Après la révolte de Soweto du 16 juin 1976, manifestation d’écoliers et de lycéens noirs réprimée dans le sang par la police blanche de l’apartheid, Ernest Pignon-Ernest reprend la photo d’un jeune adolescent dans les bras d’un homme et la transforme. Le mourant n’est pas une victime des manifestations mais un mourant du sida. “Les mères sont les pieta contemporaines qui nous regardent et accusent le monde de leur tragédie.”

En 2015, il rend hommage à Pasolini avec une mise en abyme du poète et réalisateur très controversé à l’époque et assassiné en 1975. Pasolini est installé à Certaldo, lieu d’origine du Décameron, qui lui a inspiré la plus belle facette de sa Trilogie de la vie. C’est un déclencheur pour Ernest Pignon-Ernest qui exprime par cette image toute la palette pasolinienne : le Décameron, c’est le sexe, l’amour, le corps, le peuple et la mort. Son oeuvre et la persécution dont il fut victime s’apparente emblématiquement à celle d’un martyre de son époque.